- NÉVROSE INFANTILE
- NÉVROSE INFANTILENÉVROSE INFANTILELes particularités spécifiques des névroses infantiles ont été isolées relativement tard dans l’évolution de la psychiatrie. Au début de la psychanalyse, la névrose infantile est considérée comme ayant la même symptomatologie que celle de l’adulte, mais aussi comme étant son prototype et son modèle; elle est alors rétrospectivement analysée à travers la névrose de l’adulte.En fait, quand on se penche sur le diagnostic des névroses de l’enfant, on s’aperçoit que le tableau clinique en est différent. Alors que chez l’adulte la notion de névrose implique une organisation structurée, peu mobile et irréversible, chez l’enfant le symptôme semble issu directement d’un conflit, comme un compromis passager, nécessaire à un moment donné, mais pouvant entraîner des remaniements positifs dans l’évolution de la personnalité.Il faut cependant, pour une éventuelle psychothérapie, distinguer ce qui est un symptôme passager des symptômes plus profonds préfigurant des troubles à l’âge adulte, dont on ne peut, comme on l’a cru, prévoir la forme. Les critères diffèrent selon les psychanalystes et sont peu rigoureux.Pour Anna Freud, le symptôme névrotique traduit un équilibre fragile entre le moi qui perd sa capacité d’adaptation et les exigences pulsionnelles régies par le principe de plaisir. Il s’agit alors d’évaluer les mécanismes de défense en se replaçant toujours dans le cadre de la dynamique évolutive de l’enfant. Il y a état névrotique profond quand l’enfant fait un usage immodéré et durable de certains mécanismes de défense: il utilise de façon excessive le refoulement (le moi et le ça devenant complètement étrangers l’un à l’autre), la projection, la négation de la réalité extérieure; les fonctions synthétisantes du moi sont alors touchées et l’enfant s’évade hors de la réalité, qui lui devient étrangère.Pour Melanie Klein, les critères de névrose infantile ne se fondent ni sur l’adaptation à la réalité, qui peut n’être que superficielle, ni sur une analyse structurale; pour elle, la névrose infantile est le mode d’élaboration des angoisses psychotiques précoces (angoisse persécutoire et angoisse dépressive), ces angoisses se retrouvant dans la vie fantasmatique inconsciente de tout un chacun. Alors que les enfants psychotiques sont submergés par ces fantasmes, les enfants névrosés les expriment dans leurs sentiments et leur comportement. Il s’agit alors d’évaluer la signification inconsciente de ceux-ci et les possibilités dont l’enfant dispose pour résoudre ses conflits.Les psychanalystes français cherchent également à cerner les limites de la névrose infantile: P. Male, S. Lébovici séparent les troubles névrotiques plus structurés des troubles réactionnels au milieu; ces derniers sont souples, plastiques et se modifient par un changement éducatif. Les registres des symptômes peuvent changer au cours de l’évolution, révélant un manque d’organisation de la névrose de l’enfant: elle peut disparaître ou s’organiser sous la forme d’un caractère dont l’enfant tire des bénéfices (par exemple des traits obsessionnels valorisés dans le cadre scolaire). Pour eux, la description symptomatologique de la névrose de l’enfant ne permet pas de prévoir quelle forme prendra la névrose chez le sujet devenu adulte, ni même s’il en aura une. Ce n’est que la reconstruction psychanalytique à travers la névrose de transfert qui permet de voir la continuité de la névrose infantile et celle de l’adulte.En conclusion, on peut dire que la valeur d’un signe névrotique chez l’enfant ne peut s’évaluer que par rapport à son histoire (fixations, régressions, investissements), par rapport au sens qu’il prend dans l’organisation de sa personnalité, à sa labilité et aux capacités qu’a l’enfant de le dépasser. Ces capacités dépendent de l’équipement constitutionnel de l’enfant, des satisfactions qu’il peut obtenir en abandonnant son symptôme et de l’utilisation qu’il en fait. Il est donc aussi très important de situer ce symptôme dans la constellation familiale et d’évaluer la signification qu’il a pour les différents membres de la famille qui y réagissent en conséquence.Quant à l’étiologie de la névrose infantile, si les parents ont une certaine responsabilité dans la formation des troubles de leurs enfants de par leurs attitudes éducatives, profondément liées à leurs propres angoisses ou désirs, plus ou moins pathogènes, certains facteurs, comme le souligne Anna Freud, entrent également en ligne de compte, notamment la bisexualité; l’avidité innée du nourrisson qui peut entraîner des frustrations plus ou moins grandes; la rivalité fraternelle.
Encyclopédie Universelle. 2012.